Hyoga, le solitaire

Hyoga a perdu ses parents dans un dramatique accident de voiture dont il fut l’unique survivant alors qu’il avait à peine 11 ans. N’ayant aucun autre proche pour le recueillir, ses propres parents ayant été eux-mêmes orphelins, Hyoga fut placé dans un orphelinat de San Rodorio. Celui-là même qui avait accueilli Camus.

Traumatisé par les circonstances du drame qui le laissa orphelin, l’enfant blond originaire de Russie se replia sur lui-même, refusant de prononcer une parole, ni même de s’alimenter. Il passait des nuits entières assis dans son lit, ses jambes ramenées contre son buste et entourées de ses bras, à fixer l’obscurité, avant que la fatigue et l’épuisement n’aient raison de son endurance quand venait le petit matin. Les employées de l’orphelinat le retrouvaient alors recroquevillé sur lui-même, le corps pris de tremblements légers, en proie à ce qui semblait être un douloureux cauchemar au vu des gémissements plaintifs qui s’échappaient malgré lui.

Usant d’une patience infinie et d’une douceur incomparable, une femme réussit pourtant à se rapprocher du jeune garçon qui en vint peu à peu à se ré-alimenter correctement et même à parler avec elle. Il refusait cependant tout rapport avec les autres enfants et membres du personnel, se plongeant dans les études à longueur de temps, à tel point qu’un jour, il attira l’attention d’un ancien orphelin qui avait pris l’habitude de revenir régulièrement à l’orphelinat.

Était-ce la similarité entre leurs caractères solitaires et froids ? Leurs regards si semblables, insondables bien que déterminés ? Ou simplement un appel du cœur qui fit que ce jeune homme, qui semblait si hautain, décida de devenir son tuteur ? Hyoga n’en savait rien. Pas plus qu’il ne savait pourquoi il ne s’était même pas rebellé contre l’autorité dont avait fait preuve Camus, c’était son nom, sans même lui demander son avis.

Il n’avait fallu qu’une année à Camus, l’influence discrète mais néanmoins imposante de son grand-père ayant joué un grand rôle, pour qu’il devienne le tuteur officiel du blond. Mais étant encore mineur, il avait du patienter un an de plus avant d’obtenir le droit de l’accueillir chez lui.

Cela faisait donc près d’un an et demi qu’ils vivaient sous le même toit. Leur cohabitation se passait bien et Camus était, rapidement et naturellement, devenu comme un grand frère pour Hyoga. Même s’ils n’étaient pas de caractères très causants, ni très enclins à se confier, Hyoga faisait confiance à Camus et prenait toujours en compte ses conseils. Son entrée au lycée de San Rodorio s’était faite sans difficultés mais il avait conservé cet isolement vis à vis des autres, aussi ne fréquentait-il aucun élève. Sportif accompli, Hyoga pratiquait régulièrement plusieurs disciplines dont le kung-fu et divers arts martiaux, dans lesquels il excellait, sans pour autant s’être lié d’avantage avec les autres adolescents. Un esprit sain dans un corps sain. Telle était la philosophie de Camus que Hyoga avait tout naturellement adoptée. En dehors du lycée ou des dojos, il passait des heures entières à étudier ou à lire, le nez plongé dans ses bouquins scolaires ou dans ceux de la bibliothèque fournie de Camus.