Fin de journée pour le dirlo

La journée touchait à sa fin. C'avait été une magnifique journée ensoleillée, qui avait baigné tout le campus dans une agréable tiédeur.
Sion était encore là. Le vieux proviseur quittait généralement le complexe scolaire tard, le soir. Après tout, personne ne l'attendait chez lui, et il avait toujours beaucoup de travail... Mais ce travail n'était pour lui que source de bonheur.

Toute cette jeunesse, ces bambins aux boucles folles qui couraient dans les couloirs du collège, jusqu'à, un jour, arpenter en riant entre amis les allées du parc de l'université. Tant de petites têtes blondes ou brunes (ou bleues ou vertes ou rouges) qui étaient passées sous ses yeux, tant de jeunes vies qui avaient suivi leur cours jusqu'à devenir des adultes épanouis... Sion était heureux, et se sentait privilégié par le destin de pouvoir assister chaque jour à ce petit miracle ordinaire.

Le temps avait passé, et le poids des ans commencait à se faire sentir sur son corps fatigué, mais il n'était pas prêt à quitter ces lieux, pas prêt à confier à un autre sa tâche sacrée et son bureau bien ordonné.
Son bureau où il se trouvait encore, rangeant quelques documents. Puis il se redressa et dit d'une voix douce.

"A présent, je m'en vais, Soari. J'ai à faire, ce soir. Passe une bonne nuit."

Tout en parlant, il avait posé son regard doux sur le petit hamster femelle qui escaladait les barreaux de sa cage. Soari était vieille, elle aussi, et le coeur de Sion se serra un peu en voyant le petit animal lâcher prise et chuter dans les copeaux de la litière qui tapissait le sol de la cage, puis filer dans la petite boîte qui lui faisait office de nid sans insister. Sion se rappelait d'une époque où Soari était pleine de vie et passait tout son temps à virevolter d'un barreau à l'autre, ou à cavaler dans sa petite roue. Le temps passe pour tout le monde.

La pièce était située dans le bâtiment du collège. Sion quitta son bureau, prenant soin de le verrouiller, et longea le couloir avant d'emprunter les escaliers qui bientôt le menèrent à l'extérieur du bâtiment. Il ne croisa personne, les cours étant terminés depuis des heures et des heures. Elèves et enseignants étaient rentrés chez eux.

Sion, lui, se dirigea vers le quartier des commerces, d'un pas lent, appuyé sur sa canne. Il avait à faire là bas.