Encore une soirée paisible et sans heurts au Golden Triangle

Thetys était très nerveuse lorsqu'elle prit la route pour le Golden Triangle. Bien sûr, elle ne pensait pas qu'il puisse y avoir le moindre problème, mais elle était tout de même anxieuse, ce qui est bien normal pour une jeune fille sur le point d'entamer une idylle avec l'homme de sa vie. Sur ce point non plus, aucun doute : Kanon était bel et bien cet homme, celui qui est promis dans les rêves des petites filles et qu'on attend parfois si longtemps. Thetys avait de la chance, le prince charmant s'était manifesté alors qu'elle était encore jeune et belle. Quand il se pointe au moment où on commence à remplacer son soutien-gorge par une poulie pour remonter ses seins et qu'on se perd en grimace pour atténuer ses rides, pas à dire, ça perd de son charme.

Tout en marchant vers son destin, et incidemment la boîte, elle essayait de deviner comment cela allait se dérouler. Mais elle ne le faisait pas seule. en effet, la jeune fille était pendue à son portable, tout en s'arrêtant devant chaque vitrine pour y vérifier son reflet.

- Tu penses à moi, Cyraine, ce soir, hein ? comment ça, non ? Ha oui, le AAMS... désolée de vous abandonner pour la réunion, mais tu comprends bien que c'est un cas d'extrême urgence. Tu te rends compte qu'on s'est vues ce matin, et que quand on se reverra demain, je serai fiancée ! Quoique, je me demande s'il aura la bague sur lui... Comment ça, quelle bague ? Ben, la bague de fiancailles, bien sur ! Mais non, je ne vais pas trop vite... Pfff... Mais on s'en fiche qu'il ne connaisse pas mon nom ! Et puis si ça se trouve, il a fait des recherches pour le savoir, alors, hein...

Thetys s'arrêta devant la vitrine d'une boutique de mode, mais, loin de regarder les vêtements exposés, elle fouilla dans son petit sac à main et repassa sur ses lèvres une couche de gloss transparent parfumé à la cerise tout en écoutant ce que racontait sa copine... Et d'un coup, s'exclama

- OH NON ! Mais quelle idiote !! Si ça se trouve, il déteste la cerise ! Et j'ai même pas de mouchoirs pour essuyer... Quoi ? Ah excuse moi, tu me disais quoi ? Non, j'ai pas encore fait le devoir de géo, je le ferai demain... Sauf si Kanon veut qu'on passe la journée ensemble.

Elle repartit en discutant, tout en essayant de manger le gloss sur ses lèvres. Il valait mieux pas de gloss du tout qu'un parfum qu'il détestait. Dans le doute...

- J'aurais quand même bien voulu que tu viennes à la maison pour me dire si je suis bien... J'ai mis mon pantalon noir avec le pull sable, tu sais... Ben le pull que j'ai mis y a quinze jours. Ah ?? T'es sûre qu'il est à toi ?? C'est quand que tu l'as oublié ? Ah bon ! Ben tu me le prêtes pour ce soir, alors. Il me va trooooooooop bien. T'es une choute ! Aaah, je suis presque arrivée, je vois l'enseigne ! J'ai un de ces tracs ! Ben, oui, j'y suis déjà... Mais Cyraiiiine, on s'en FICHE que ça ouvre que dans une heure ! Justement, je vais le voir avant qu'il soit occupé... Bon, je vais arriver devant, je te laisse ! J'ai un gros noeud à l'estomac, tu peux pas savoir !! Bisous !

Et Thetys raccrocha. Elle arrivait en vue des portes... Mais là, première contrariété : elle s'attendait à ce qu'il y ait les vigiles...Mais il n'y avait personne, il était trop tôt. Pourtant, elle se doutait qu'il y avait déjà des gens à l'intérieur, pour préparer la musique et tout. Alors, ni une ni deux, elle avisa une sonnette... et sonna... et attendit... longtemps... très longtemps... Au bout de quinze minutes et dix sonneries, elle abandonna : ils devaient tous être très occupés pour ne pas entendre. Heureusement, Thetys était une jeune personne pleine de ressources. elle tourna les talons et observa la facade, puis la rue... Et reprit sa route, bifurquant dans une petite ruelle. Elle ne mit pas longtemps à trouver ce qu'elle cherchait : la porte de service. Thetys chercha une sonnette, n 'en trouva pas, et se mit à tambouriner à la porte. De nouveau, elle attendit... Et attendit... Et finalement, elle entendit le déclic du verrou.

Le coeur battant, elle tendait déjà les bras à Kanon mais... ce fut une jeune femme brune qui apparut, et en plus, ça ne devait pas être pour elle, puisque la femme avait esquissé le geste d'attraper le container qui flanquait la porte, avant de se figer.

- Ha ! Mâ qu'est cé qué vous faites là ? Vous êtes qui ?
- Euh... Je suis venue voir Kanon...
- Lé patronn ?
- Oui...
- Bon, moi yé m'occoupe pas dé ça. BAAAAAAAAAAN !

Thetys serra les dents lorsque la jeune femme se mit à hurler d'une voix de stentor.

- BAAAAAN MÂ TOU ES SOURD ??
- Je peux entrer ?
- BAAAAAAAAAAAAN !
- BAN Y A GEIST QUI T'APPELLE ! résonna une voix à l'intérieur
- ET QUI CASSE LES OREILLES A TOUT LE MONDE ! ajouta une autre
- HA, J'ARRIVE ! DÉSOLÉ GEIST, J AI CRU QUE C'ETAIT L'ALARME INCENDIE...
- ... Pourquoi qué tou cries, tou es à côté... soupira la jeune femme à l'adresse de l'homme gigantesque qui venait d'arriver dans l'encadrure de la porte. Bon, yé vous laisse, yé du boulot... Y a Ydon qué l'a fait tomber tout oune carton dé bouteilles vides, qué m'a mis des bouts dé verre partout et... Sa voix s'affaiblit et disparut au fur et à mesure qu'elle s'éloignait dans les entrailles de l'établissement.

Thetys leva les yeux vers l'homme gigantesque, qui ne manqua pas de s'enquérir de ce qu'elle voulait.

- Je suis passée voir Kanon, répéta-t-elle obligemment.
- Euh... On ne m'a pas prévenu d'une visite... Vous avez un rendez vous ? Quel est votre nom ?

Thetys soupira. C'était pas romantique pour un rond, cette affaire. Elle n'allait pas dire à ce gros que Kanon ne connaissait pas encore son nom, il ne pouvait pas comprendre. Il n'avait pas une tête à comprendre le grand amour, le coup de foudre, celui-là. Elle croisa les bras et répondit avec douceur.

- Il voudra bien me voir, croyez moi.
- Vous êtes...?
- Sa femme. anticipa-t-elle, avant de se reprendre. Enfin, presque. Bientôt !
- BNEH.
- Hu ?
- ... Un instant.

Ban dégaina son téléphone et composa rapidement le numéro du bureau de Kanon, en s'éloignant de quelques pas afin que Thetys n'entende pas.

- Heu, patron ? Oui, excusez moi de vous déranger... J'ai une dame, là, à la porte, qui veut vous voir. Ben je m'doute bien que vous avez pas de rendez vous prévu puisque vous m'avez pas signalé de laisser entrer quelqu'un, mais là, la dame, elle dit que vous voudrez bien la recevoir. Alors non j'ai pas son nom, mais elle dit qu'elle est votre femme, et je... Allô ? Euh patron, z'êtes là ? Alloallô ? Comment qu'elle est, c'est à dire ? Ah. Ben, jeune, blonde cheveux longs, yeux bleus, pantalon noir, pull bei... ha ben vous avez dit "physiquement", pour moi physiquement c'est les vêtements aussi et... Ah ? Bon, comme vous voulez. D'accord.

Il revint vers Thetys, un peu destabilisé, et lui fit signe d'entrer.

- Ben il va vous recevoir... J'vais vous montrer où c'est.

Thetys prit une grande inspiration afin de calmer les battements de son coeur. Elle le savait !!! Elle en était certaine ! Il était si impatient de la revoir ! Elle suivit donc le grand bonhomme le long de quelques couloirs et escaliers, et arriva devant la porte du bureau... Ban la laissa là, et elle frappa à la porte, avant d'actionner la poignée... Et entra.

Mon dieu, il était là ! Elle manqua de peu de s'évanouir, et son regard dévora celui qu'elle était venue rejoindre au prix de tant d'efforts, tant et si bien qu'elle ne s'attarda pas sur l'expression qu'il pouvait avoir, quelle qu'elle fusse. Elle hésita à parler, ne voulant pas briser l'instant, mais finalement, elle murmura d'un ton qu'elle jugea digne des plus grands films romantiques hollywoodiens.

"Nous avons tant de choses à nous dire, Kanon... Toi et moi..."

Soirée de merde ! Et ouais encore une, sauf que cette fois aucun membre du personnel du Golden Triangle n'avait à en endosser la responsabilité -du moins pour le moment-. Tout avait commencé par une journée qui elle aussi avait connu un départ calamiteux. A neuf heure du matin tapantes le téléphone du domicile de Kanon sonnait inlassablement l'alarme l'extirpant d'un de ses rêves dont il ne conservera malheureusement aucun souvenir. Non mais ils savaient à quelle heure un patron de boite de nuit se couche? Cela ne faisait même pas dix minutes qu'il était installé dans son lit et déja on venait l'emmerder, c'est pas croyable ça. Bien entendu il avait en premier lieu décidé d'ignorer la sonnerie, la moitié de cerveau fonctionnant encore se disant que ses bras cassés de collaborateurs étaient si pressés d'aller se coucher à leur tour que même si l'etablissement était en feu ils ne l'appellerait pas avant d'avoir dormi, il rejettera la faute sur eux, empochera l'assurance et rouvrira un autre club à l'identique.
Sauf que comme il venait si judicieusement de le déduire il ne pouvait pas s'agir de l'un de ses employés, alors ça devait être un emmerdeur lambda qui ne sait pas que les gens qui bossent la nuit dorment le matin. Kanon avait raison sur un point, la personne qui cherchait à le contacter avait déliberement envie de l'emmerder, au point qu'exaspéré par les sonneries qui ne s'arretaient pas, ou juste le temps de recomposer le numero il finit par prendre le combiné telephonique et le balancer contre le mur. C'est là que les problèmes commencèrent...
Bien qu'éloigné du combiné Kanon put percevoir la voix d'une personne qui gueulait et cette voix il la reconnaitrait entre mille. Ses yeux se rouvrirent d'un coup et il semblait sous l'influence d'une montée d'adrenaline alors qu'il bondissait de son lit pour attraper le combiné et répondre à la personne.


"Comment tu as eu ce numéro? Puis qu'est-ce que tu me veux t'as conscience de quelle heure il est? Ah ouais le décalage horaire....bah ici il est tôt donc explique toi rapidement....mh mh...oui....ça doit faire deux ans maintenant je sais c'est pour ça que je me demande pourquoi tu appelles ! Non je t'interdis de débarquer ici ! Sale..."



Bip bip bip. On lui avait raccroché au nez et également coupé toute envie de sommeil pour le moment. Il n'était pas rare de voir Kanon contrarié, généralement on savait même à son expression faciale à quelle genre de contrariété on avait affaire et c'était tout à fait volontaire de sa part, ainsi les autres savaient deviner par eux-mêmes d'où venait le problème et il n'avait pas besoin d'ouvrir la bouche et donc de s'énerver davantage. Sauf que là c'était une vraie colère avec la dose de frustration qui va avec lorsque la source de la-dite colère se trouve à des milliers de kilomètres de là. Il fallait qu'il se détende et une douche n'était une mauvaise idée pour cela, ainsi donc après une douche, trois cafés, trois réexamens des recettes de la veille, deux de la semaine passée et un comparatif avec les chiffres du mois dernier, Kanon était enfin apte à passer quelques heures de repos avant d'enchainer sur une nouvelle nuit qu'il espérait calme cette fois.


D'ailleurs signe avant-courreur que cette soirée allait être étrange, il n'était pas arrivé bien à l'avance comme chaque jour mais avec quelques minutes de retard soit seulement une heure avant l'ouverture. Par chance il était directement passé par la porte de service et avait pu à quelques minutes près éviter de croiser sa volontaire invitée. Un simple signe de la tête pour chaque personne présente, il affichait le visage "faites pas chier ce soir, le premier qui déconne il passe la nuit avec Jamian" et s'enfermait directement dans son bureau lorsque son portable se mit à sonner. C'était encore la même personne.


"Mais qu'est-ce que tu veux à la fin? Oui j'ai bien entendu ! Non je ne veux pas te voir ici ! Le passé est le passé, tu n'as rien à faire à San Rodorio !! Hein? Attend je te rappelle...."


Cette fois c'était le téléphone du bureau qui sonnait et Kanon interrompu son appel pour s'en saisir, c'était Ban au bout du fil, ben tiens c'est ça appelle moi alors que t'as juste à monter les escaliers gros paresseux.

"Quoi ?! Je n'ai pas de rendez-vous prévu ce soir. Bon comment elle s'appelle cette dame? QUOI????" Un rapide regard vers son portable et les yeux de Kanon se mirent à connaitre le doute, c'était une blague c'est pas possible....Il secouait vivement la tête avant de reprendre après s'être éclairci la gorge. "Bon de quoi elle a l'air? A quoi elle ressemble physiquement quoi. Je te demande à quoi elle ressemble pas me citer la page 24 de La Redoute abruti ! Ouais bon laisse tomber fais la monter..."


*Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire?*


Mains sur les hanches, Kanon fit quelques pas décrivant des cercles le temps de retrouver un semblant de calme et de s'installer sur son fauteuil, là il posait un coude sur le bureau sa main venant servir d'appui à son menton alors qu'il fixait la porte d'entrée bien décidé à éluder ce mystère. Il portait un costume bleu foncé, une chemise noire entrouverte au niveau du col et des chaussures noires également, ça c'est au cas où durant leur montée des escaliers la jeune fille demandait à Ban à quoi il ressemblait aujourd'hui. Enfin il entendit des pas dans les escaliers, puis quelqu'un qui tapait à la porte avant d'entrer dans la pièce et ce quelqu'un était....BNEH. Qui c'est celle-là? S'il y a bien une chose dont Kanon était sur c'est qu'il n'avait jamais vu cette gamine de sa vie, et c'est elle sa soit-disant femme ou Ban est encore plus demeuré qu'il ne le pensait? Qui plus est la jeune femme laissait planer un silence avant de dire qu'ils avaient des choses à se dire, employant le tutoiement comme s'ils avaient prit leur gouter ensemble. Les yeux de Kanon se plissaient alors qu'ils s'ancraient des les prunelles de sa visiteuse à qui il répondait d'un ton qui laissait traduire une perplexité mélée à une certaine forme de curiosité.



"On dirait oui...mais si "tu" commençais par des explications?"


Oui parceque des jeunes qui tentent de passer la porte en usant du culot il en avait vu, mais là c'était quand même fort.

Thetys s'était attendue à un meilleur accueil, tout de même... Quelle froideur ! Froideur apparente, bien entendu, car elle était toujours intimement convaincue du bien fondé de toute la romance qu'elle s'était inventée, et ce ne serait (malheureusement ?) pas un accueil un peu frisquet et parfaitement explicable qui allait réduire à néant cette belle histoire naissante. Explicable, avez vous lu.

Vous avez bien lu.

C'était tout à fait explicable, ne vous rappelez vous pas de la façon dont Kanon s'était esquivé, le soir où leurs regards s'étaient croisés ? Il était si intimidé alors... C'était tellement mignon. Mais Thetys ne mettait pas tout sur le dos de la (prétendue) timidité de son prince charmant.

Elle n'avait pu ignorer (ou empêché de s'imaginer) la touche d'amertume et de reproche dans le ton employé, et elle le comprenait. Elle s'en voulait un peu, exactement pour la même raison que celle qu'elle imputait à l'humeur de Kanon : le temps qu'elle avait mis pour venir le retrouver...

En effet, elle avait attendu plusieurs jours avant de venir le voir, alors qu'elle savait où le trouver, était des deus la seule à pouvoir faire en sorte qu'ils se retrouvent, et que lui, le pauvre, ignorait son nom et l'endroit où la trouver... La jeune fille comprenait bien les angoisses par lesquelles il avait dû passer, le pauvre petit chat. Elle aurait ressenti les mêmes s'il c'était lui qui avait disparu dans la nature, sans savoir si elle le reverrait un jour. Oui, elle comprenait, bien qu'elle eut préféré qu'il exprime tout cela à un autre moment.

Elle prit un air un peu confus.

- Oh, Kanon... je sais ce que tu ressens, je m'en veux aussi... Mais je veux que tu saches que tout ce temps n'était pas consacré à la réflexion. Je n'ai pas eu le moindre doute, je te le jure. Pas une seule seconde.

La petite Thetys lui offrit un joli sourire lumineux qui la fit paraître plus jeune encore et elle minauda en reprenant presqu'aussitôt la parole, d'un ton plus léger, plus joyeux, pour lui signifier que la hache de guerre ne devait pas être déterrée en ce instant : on allait pas débuter une si merveilleuse idylle avec une prise de bec, quand même ?

Entortillant une mèche blonde autour de son index, ce geste lui conférant une allure très enfantine, elle fit deux ou trois pas dans la direction de Kanon.

- Je crois que tu ne connais toujours pas mon nom. C'est vrai que ce n'est pas le plus important, mais ça l'est quand même un peu, non ? Alors je m'appelle Thetys. Thetys Corail. J'ai dix-huit ans. Je sais que tu te dis que ce sont des détails, mais j'ai hâte que tu saches tout de moi, comme je veux tout savoir de toi !

Toute joyeuse, elle joignit ses mains alors même qu'elle achevait sa dernière phrase, et voilà qu'elle s'élancait pour couvrir la distance qui la séparait de Kanon. Oh, n'allez pas imaginer de choses perverses. La petite Thetys était en plein dans son conte de fée, et elle s'éttendait presque à ce que l'obscurité se fasse et qu'un spot l'éclaire alors qu'elle se jetait sur lui pour se saisir de son bras et y presser sa joue.

- Tu m'as tellement manqué !!

Bneh, Bneh....BNEH !!!! What else?! Kanon n'en revenait tout simplement pas, s'il n'était pas seulement entouré d'une jeune fille qu'il jugeait bonne pour l'asile il aurait d'ailleurs grandement souhaité qu'on le pince. Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire? Aphrodite avait une petite soeur et lui avait intimé l'ordre de lui faire une blague histoire de lui demander une enième augmentation ou des congés payés? Ce n'était pas le cas, mais aux yeux du gérant du Golden Triangle cette histoire était quand même plus crédible que l'inconnue sortie du bac à sable qui s'adressait à lui comme s'ils avaient revisité le mythe de Roméo et Juliette à son insu. Prit d'un aphreux doute, Kanon observait nerveusement son bureau, non il n'y avait pas de verre qu'il eut oublié, il était bien monté directement et on ne lui avait pas servi on-ne-sait quel cocktail aux vertues actuellement effrayantes. Il ne consommait pas de drogues, n'était pas sujet aux hallucinations malgrè l'entourage professionnel tout bonnement hallucinant. Mais alors qu'est-ce que c'était que cette petite fille qui venait lui parler intimement à la manière d'une actrice de soap de l'après-midi? Non franchement, autant il était très perspicace autant là il ne calait rien le pauvre. Ainsi donc la jeune fille lui assurait qu'elle n'avait pas douté un seul instant et qu'elle avait pas consacré son temps à la réfléxion, Kanon ne peut s'empêcher de laisser échapper un.



"Ah...ben il aurait peut-être fallu..."



Sans vouloir se montrer méchant avec cette jeune fille bien entendu, c'est juste que là c'est lui qui avait besoin de réfléchir. Ensuite la jeune fille prennait un air de gamine qui instantanément eu pour effet de refroidir encore davantage si c'était possible le Kanon qui se contentait de vaguement acquiescer alors qu'elle parlait de se présenter. Et bien fais donc, tant qu'on y est...C'est vrai qu'on est lundi, c'est le jour où la boite se transforme en salon de psychanalyse et des inconnus se présentent eux ainsi que leurs rêves, Kanon leur paie un verre et tout le monde est ravi. Non mais franchement, comment peut-on arriver à ce genre de situation? Elle s'appellait donc Thetys Corail et avait dix-huit ans...Si Kanon esperait obtenir une quelconque piste avec ces informations, maintenant qu'il les avait il se rendait compte qu'elles étaient inutiles. Ce nom ne lui disait rien et l'age était bien trop jeune pour qu'il eusse s'agit d'une connaissance antérieure. Mais pourquoi elle lui parle comme ça alors? "Je veux tout savoir sur toi"....Ouais bah lui il semblerait qu'il en a connu assez là, mais ce n'était visiblement pas suffisant puisque la jeune fille s'avançait, Kanon se mit à déglutir. Non pas que la Thetys était impressionnante, mais il la sentait mal cette histoire, il la sentait très mal...Et avait raison. L'instant d'après elle s'était approprié son bras à la manière dont un bébé cajole son doudou et clamait qu'il lui avait manqué.



*Ah ouais...sérieusement atteinte quand même....*



Malheureusement pour la petite erotomane, Kanon n'avait pas l'intention de la laisser ainsi envahir son espace vital et accessoirement saloper sa tenue. Ainsi donc il se redressait pour se libérer de son étreinte et reculer, conservant son siège afin qu'un obstacle le protège d'une éventuelle nouvelle attaque de la blonde à l'imagination fertile. Interieurement il jurait d'echarper son auteur s'il s'agissait d'une farce, mais à en voir Thetys ce n'était pas le cas, elle avait l'air dans son monde, mais sincère, c'était peut-être le plus effrayant dans l'histoire. Alors maladroitement il allait tenter de désarmorcer cette grenade blonde.



"Hola on se calme jeune fille ! Thetys hein? Assis toi, calme toi et commence par m'expliquer parceque là je ne comprend rien. Comment me connais-tu et qu'est-ce que tu fais là?"


Il essayait tant bien que mal -pour le moment- de ne pas se montrer sec ou trop abrupte, il ne manquerait plus qu'elle se mette à chialer la môme, mais quand même il aimerait bien qu'on lui explique ce qu'il se passe là.

Thetys fut surprise d'être ainsi délogée, ou, plutôt, de voir le bras de Kanon filer d'entre les siens... Ses mots !! Les mots qu'il venait de prononcer ! M'expliquer... je ne comprends rien... d'où tu me connais... qu'est ce que tu fais là... L'espace d'une seconde, horrible, épouvantable seconde, elle fut traversée par une effroyable pensée : et si elle s'était trompée ? Mais heureusement, Thetys se reprit très vite. Non, elle ne pouvait pas s'être fourvoyée. elle ressentait au plus profond d'elle même l'incroyable passion qui était née entre eux. Et la preuve en était la douceur ave laquelle il avait cessé cette étreinte et avec laquelle il lui parlait. Si elle se trompait, il l'aurait repousssée sèchement, non ? Et oui mon pauvre Kanon, quand on essaie d'être gentil, ça paie parfois... mais ça SE paie toujours.

Non, il y avait forcément une raison valable au fait qu'il n'ait pas souhaité rester tout près d'elle et souligner leurs retrouvailles par un romantique baiser.

En tous cas, elle ne pouvait rien lui refuser. S'il souhaitait qu'ils discutent, il n'y avait pas de problème. Thetys alla donc s'assoir sur un fauteuil, regrettant qu'il n'y en ait pas d'autre qui soit plus proche de Kanon. Elle comptait bien répondre aux question de l'homme de sa vie, mais pour le moment, elle était occupée à le dévorer des yeux, d'un regard énamouré rendu luisant par une violente passion adolescente.

Finalement, elle pencha la tête sur le côté, questionnant, indécise. Comment le connaissait-elle ? Il voulait sûrement parler de son nom.

"Ce n'était pas très difficile. Le soir où on s'est rencontrés, tu revenais à ton bureau, j'ai juste eu à demander. Mais dis moi... tu essaies de me faire comprendre que ... Je n'aurais pas dû venir ? C'est ça ?"

Aaah... C'était peut-être cela qui ennuyait Kanon... Il aurait peut-être voulu un cadre moins formel que son bureau pour leurs retrouvailles... Oui, c'était très certainement cela.

"Je suis désolée, vraiment, mais je n'avais pas du tout d'autre possibilité... Quand j'ai essayé de t'appeler, on a pas voulu te passer mon appel ! Et puis j'avais tellement envie de te voir, si tu savais comme tu m'as manqué ! Je n'ai pensé qu'à toi, Kanon, rien qu'à toi et à ton regard quand je t'ai surpris en train de m'observer. Tu étais si beau. J'en ai oublié mon devoir de géo !"

Elle éclata d'un petit rire en trilles et se remit à tournicoter son index dans ses cheveux en reprenant.

"Tu sais, ce n'est pas très grave. L'important est qu'on soit réunis ! Tu dois avoir beaucoup de travail, je comprends. Mais on pourrait passer la journée ensemble demain, si tu veux ! On irait faire un pique-nique au parc, et ensuite aller au cinéma."

La jeune fille esquissa un grand sourire joyeux, une touche de rouge s'étendant sur ses joues, déjà toutes roses d'émotion.

Et pendant ce temps là, les joues de Geist étaient elle aussi toutes roses, mais c'était un empourprement d'excitation, parce qu'un potin pareil, on en a pas tous les jours non plus, faut pas déconner. Et qui plus est, un interlocuteur à hauteur du potin en question en la personne d'Aphrodite, parce qu'Aphrodite, le ragot commun, il maîtrise, et il a un enregistreur intégré.

- Si, si ! pépiait Geist. Oune gamine, comme yé té le dis ! Pas plouss dé dix-sept, dix-houit ans !
- Je rate toujours les bons moments, moi, y en a marre !

En même temps, t'as qu'à arriver plus tôt, mon grand. Mais en l'occurence, on est pas au bout de nos peines, ce soir, car tandis que Geist faisait le récit de l'arrivée de 'la pétite qu'elle est dans lé boureau dé Kanon" au détour d'un couloir non loin de l'entrée, Ban, qui avait prit son poste à l'extérieur, se retrouvait aux prises avec une autre invitée surprise...


Dix minutes plus tard, un remue-ménage éclata devant les lourdes portes, à un volume tel que même Agora Dulotus, qui faisait ses essais de son, les entendit. Il coupa aussitôt la musique, et tout le personnel du Golden Triangle se figea. Pose et Ydon, qui rangeaient leurs bouteilles, Geist, qui remisait ses balais, et Aphro, qui se recoiffait, tous cavalèrent vers l'entrée. Ce fut une brochette d'ahuris sagement rangés en rang d'oignon devant le vestiaire que Ban, le col de sa chemise tout froissé, put aperçevoir à l'instant où il entra en catastrophe, hors d'haleine. Mais ce dernier ne s'y attarda pas, et il repoussa vivement la porte derrière lui, en chuchotant d'un ton précipité des mots décousus dont on pouvait plus ou moins tirer qu'il préconisait d'appeler la police tout de suite maintenant, puis, comme s'il avait simplement voulu faire passer cette consigne avant d'ouvrir, il se retourna et ouvrit à nouveau la porte. La brochette, dont pas un n'avait bougé malgré les regards suppliants du vigile, s'attendait presque à voir entrer un terroriste avec une bombe sous chaque bras et la ferme intention de les prendre tous en otage. On entendait plus le moindre bruit, hormis les échos lointain d'Agora qui beuglait des 'que se passe-t-il ?', bloqué qu'il était derrière sa table.

Au lieu de panique totale dûe à l'intrusion d'un terroriste armé jusqu'aux dents, ce fut une véritable avalanche de points d'interrogation, suivis d'un accès général d'hypersalivation et des écarts de quelques yeux qui manquèrent de jaillir de leurs orbites lorsque le terroriste en question fut introduit par Ban. Des jambes interminables surplombées d'un fessier à faire pâlir les pubs Aubade, un tour de taille mini et un tour de poitrine maxi, le tout coiffé, c'est le cas de le dire, par une splendide crinière couleur de miel chaud, poussez pas, y en aura pour tout le monde. Le fait est que la créature de rêve qui venait de faire son apparition dans le hall du Golden Triangle venait de plonger instantanément dans une prostration absolue tout organisme comportant une majorité d'hormones mâles. Ce fut donc Geist, peu sensible aux charmes féminins et qui avait donc conservé un minimum de neurones, qui interrogea Ban du regard. Le Ban en question indiqua la banquette à la créature de rêve sans répondre. Il n'y eut que Geist pour se rendre compte que l'arrivante jetait des regards glacials au malheureux vigile et qu'elle n'avait pas l'air commode du tout, parce que tous les autres avaient le regard épinglé sur les parcelles stratégiques de la jeune personne. Ban bafouilla à son attention qu'il s'occupait de sa demande, et entreprit, avec l'aide de Geist, de déplacer la brochette lobotomisée dans la grande salle.

Une fois que tout ce petit monde eut regagné les abords du bar, loin de la jeune femme, et que chacun eut repris ses esprits, Ban se retrouva pris dans une avalanche de questions en vrac, à laquelle il mit fin d'un geste, et exposa la situation à voix basse.

"C'est une folle, faut appeler les flics, vite.
- Mâ, pourquoi qué tou nous l'as faite entrer ??" perplexifia Geist. "elle a l'air complètément hystérique.
- Je me dévoue pour qu'elle passe ses nerfs sur moi" répondit ausitôt Ydon, encore sous le charme.

Ban se rapprocha du groupe et chuchota quelques mots, qui provoqua une inondation de gouttes sur le côté. Agora, qui arrivait en courant, exigea d'être mis au courant de la cause de tout ce barouf. Geist résuma la situation à son attention avant que les autres eurent pu ouvrir la bouche.

"Y a oune folle qui veut voir lé patronn et qu'elle dit qu'elle est son ex-femme, alors qué lé patronn, il est en cé moment dans lé boureau avec sa nana qué c'est oune pétite jeune.
- ...J'aurais peut-être dû signer pour cette boîte à Ibiza au lieu de venir ici.
- Qu'est ce qu'on fait ?" s'angoissa Ban.

Aphrodite, qui était pragmatique, reprit son recoiffage tout en répondant courageusement.

"On la fait monter, c'est pas notre problème, qu'il se débrouille avec son harem.
- Ça sera notre problème quand on aura pas la fiche de paie du mois parce que la boîte aura cramé" objecta le vigile, "et encore, ça, c'est si on est pas pris dans l'incendie.
- Mâ, c'est vrai, elle a des yeux dé folle cette bonne femme là. Déjà qué la pétite, elle a pas l'air net..." approuva Geist.
"Alors si ça dérange personne", reprit Ban "j'aime autant prendre les devants."

Les arguments convainquirent tout le monde. Ils décidèrent d'installer la femme au bar et de lui servir un verre, tandis que l'un d'entre eux monterait discrètement voir Kanon pour lui exposer le souci. Sauf que les deux barmen, qui venaient de passer derrière le bar en se bousculant, ne tardèrent pas à...

"Je vais lui faire mon cocktail spécial 'Fleur de cocotier sur une plage déserte.' " annonça Pose.
"Pas question. Elle est bien trop belle pour ta mixture de sorcière. Je lui ferai mon mélange secret 'Éclat d'étoile scintillant dans le lagon'." répliqua Ydon.
"HA ! cette lavasse infâme ? Laisse moi rire !
- Attends mon gars, j'vais te faire passer ton rire, moi !"

Pose se jeta sur Ydon, à moins que ce ne fut le contraire, car il était assez difficile de se rendre compte, entre les torchons et les verres qui volaient. Ban se chargea héroïquement de les séparer... enfin, d'essayer, et se jeta dans la mêlée. Pendant ce temps, Geist n'en pouvait plus de lever les yeux au ciel, et Aphrodite, follement impliqué, cherchait la pince à cheveux qu'il venait de laisser tomber entre les tabourets. Agora, légèrement largué, décida de poursuivre le plan d'origine, et, un peu par curiosité aussi, se chargea d'aller chercher la femme dont on faisait si grand cas. Il partit donc en direction du hall, et il dut certainement dire quelque chose, car on entendit soudain une exclamation lancée d'une voix passablement agressive.

"HA BAH C'EST PAS TROP TÔT !"

Et, un quart de seconde après, alors que Ban tenait le bras de Pose dans la main droite et l'épaule d'Ydon dans la main gauche, qu'Aphrodite vérifiait sa coiffure dans l'inox de la machine à pressions, et que Geist regardait l'heure, Agora revint l'air piteux... précédé de la dame qui avançait , le regard étincelant.

"QUOI ?? FAUT ENCORE QUE J'ATTENDE ??" glapit-elle alors qu'on l'invitait à s'installer sur un tabouret.
"Pas longtemps." assura Geist.
"JE ME TAPE JE SAIS PAS COMBIEN DE KILOMÈTRES POUR ATTENDRE ENCORE ! IL Y EN A UN QUI VA M'ENTENDRE !
- Nous, on entend déjà..." murmura Pose qui, d'un coup, était beaucoup moins sensible à la beauté de l'invitée.
"Elle a le caps lock... coincé." murmura Ydon.
"D'un coup, je comprends le préfixe EX-femme..." conclut Agora au même volume.

Il était exact que la délicate jeune femme ne semblait pas savoir s'exprimer autrement qu'en hurlant. Du coup, c'était presque dommage que l'étage soit insonorisé, au moins Kanon aurait été prévenu directement. Geist décida que seule son propre tact féminin pouvait calmer la jeune femme.

"Vous voulez boire quelqué chose, madame... comment qué c'est, votré nom ?
- ERIS.
- Eris ?
- OUI, ENFIN, C'EST MON NOM DE SCÈNE... JE M'APPELLE IRINA. OH, ET PUIS PEU IMPORTE, MINCE ! JE NE COMPTE PAS RESTER A CE BAR MITEUX TOUTE LA NUIT ! OU EST-IL ??"

Bar miteux !!! Non, mais, elle se prenait pour qui, celle-là ?? Enervée ou pas, ça n'excusait pas les écarts de langage, et ce, aux yeux d'aucun d'entre eux. Aphrodite, qui supportait difficilement les hurlements, démarra aussi sec.

"Ok alors la dame elle va baisser d'un ton avant de nous bousiller les cornets, et elle va attendre que le grand manitou soit disponible, tout en restant polie, de préférence.
- Mâ c'est toi qué tou es pas poli !" hulula Geist qui était encore dans son trip solidarité féminine. "Excouse toi !
- Geist... Je t'aime bien mais comment dire... J'ai pas d'ordres à prendre de quelqu'un qui se trimballe un sac charlotte imprimé serpent avec un gros "Gucci" doré dessus.
- Tou sais cé qu'il té dit, mon sac ?
- Quoi donc ? qu'il est l'incarnation de ton mauvais goût ?"

Geist n'attendit même pas la fin de la phrase pour la ponctuer d'une claque magistrale. Celle-ci eut à peine retenti que Geist réceptionnait involontairement un Aphrodite hors de lui, et ils allèrent rouler plus loin en s'empoignant les cheveux. Comme d'un fait exprès, ce fut le moment que Ydon choisit pour s'exclamer.

"Mauvais goût, c'était le terme que je cherchais pour qualifier ton horreur de soi-disant cocktail !
- YAAAAAAARGGGH !!" hurla Pose furieux en s'arrachant à l'étreinte de Ban pour fondre sur Ydon à bras raccourcis.

"Euhm... Madame Eris, c'est bien ça ?" reprit Ban, qui essayait de reprendre également le contrôle de la situation. "Je vais voir si le patron est disponible..."

Il s'échappa lâchement, slalomant au milieu du champ de bataille, abandonnant le pauvre Agora avec la femme... et cavala aussi vite que possible jusqu'au bureau de Kanon. Là, il frappa deux coups secs, mais n'attendit pas de réponse pour entrouvrir la porte, et passa sa tête dans l'encadrure de la porte pour bafouiller.

"Patron, désolé d'déranger mais j'crois que là c'est une urgence... on a un P'TIT souci en bas, et on a une madame Eris dans la salle... entre autres."

Oh pour se payer ça se paie...et ça VA se payer ! Sur quelqu'un, qui que ce soit mais ça retombera sur quelqu'un d'autre ! Mais non, encore une fois c'est sur lui que ça tombe....La vie je vous jure. Non sérieusement plus il regardait et écoutait Thetys et plus la piste de la soeur du serveur prennait l'avantage, des cheveux blonds, des yeux bleus et SURTOUT folle à lier avec une certaine tendance à ne pas du tout caler ce qui ne va pas dans une conversation. Et il en venait à regretter les exaspérantes plaintes d'Aphrodite sur ses ongles, sur le travail harassant - qu'il n'effectuait pas complètement, Kanon n'est pas dupe il y a des caméras de surveillance-, ainsi que sur ses malheureux cheveux/ongles/peau/vêtements. Alors que la jeune fille demandait si elle avait commis une erreur en venant ici, Kanon cru en la délivrance divine, enfin les cieux s'étaient penchés sur le cas de cette jeune écervelée et il allait s'en débarasser avant de reprendre le cours d'une nuit plus ou moins normale, enfin moins bizarre que là. Thetys reprenait la parole, elle commençait par des excuses, bien ça. La suite par contre avait projetté le gérant du Golden Triangle dans une abime de perplexité, il lui manquait, il est aussi beau que son devoir de géo....C'est pas possible elle doit avoir le même psy que son frêre celle-là ! Kanon émit un soupir levant les yeux au ciel en maudissant le jour où il aurait visiblement croisé la route de cette...machine à soap. Ah mais tiens...si ça se trouve ça n'était pas LUI qui avait croisé la route de Thetys ! Sur le coup il avait presque oublié, mais la démence de la blonde lui rappellait qu'il avait un frêre jumeaux, c'est ça elle avait du les confondre ! Ce n'était pas très flatteur certes mais si ça lui permet de s'en débarasser c'est peu cher payé ! Ah ben oui, une grognasse avec la gueule d'Aphro et la folie de Saga ça a tendance à faire fuir. Donc une lueur d'espoir dans sa tête Kanon reprennait la parole, tentant du mieux qu'il pouvait d'occulter l'invitation à l'après-midi Caroline Ingalls proposée par l'étudiante.



"Mais euh...tu es sure de ne pas faire erreur? J'ai un frêre jumeaux, Saga, je pense que tu as du nous confondre. Ce n'est pas grave, ça peut arriver. Bref bonne chance avec lui hein !"



Hop affaire réglé ! Bien sur le style gamine toute sage qui parle comme dans une fiction édulcorée ça ne pouvait qu'être le style de son frêre, quoi que il l'imaginait plutôt attiré par les hommes, ou les livres, les éprouvettes...Hum. Bref, ça lui correspondait mieux qu'à lui. Mais un horrible pressentiment le tiraillait, et si....Non non c'était surement une erreur, ça ne pouvait qu'être une erreur ! Et puis l'erreur ça expliquait tout !
Bien entendu il était à des lieux de se douter que son personnel plus bas était en train d'honteusement colporter des ragots, n'est-ce pas Geist. Tout comme il était encore plus loin de se douter que sa chère ex-femme venait d'effectuer une arrivée tonitruante dont elle a le secret au sein même de son si noble etablissement, d'autant plus qu'ils s'étaient parlés au telephone il y a quelques minutes et qu'il lui avait formellement interdit de ramener ses guêtres ici. Non pour le moment tout ce qui comptait c'est que la gamine foute le camp de son bureau, qu'elle aille finir son devoir de géo tiens elle verra s'il est beau. Il ne manquerait plus que le Sion revienne en l'accusant de s'interesser aux minettes de son établissement tiens. Le temps semblait lourd dans ce bureau....long et lourd, Kanon ne savait plus quoi dire ni penser quand il entendit quelqu'un derrière la porte puis Ban qui entrait, jamais au cours de l'intégralité de sa vie, Kanon n'aurait pu penser qu'il serait ravi de voir la sale face du videur. Et là c'était le cas, Ban était accueilli comme un héros, un sauveur, pour un peu il le serrerait dans ses bras, mais non trop moche et euh...bah pas son style. Sur le coup il était tellement ravi qu'il n'avait pas fait attention aux quatre lettres annonciatrices de malheur....elles venaient de le percuter avec la même violence qu'un avion sur un building (on reste dans les metaphores terroristes). Il fut prit d'un violent accès d'inquietude et après avoir hurlé un "QUOI???!!" le voila déja qui quittait son bureau, cheveux dans le vent, poings et dents serrés tel un lion. Lion qui retournait bien rapidement dans sa cage alors qu'une fois les escaliers descendus -oubliant Thetys au passage- il assistait à la reconstitution d'un village gaulois au centre même de la salle qui attendrait bientôt ses pompes à pognon, euh les honorables clients.


Un regard électrique fut envoyé à l'instigatrice de ce boxon et il donnait de la voix pour se faire entendre. Ah mais non pas les bouteilles ! Rah et les deux chattes en furie là, rangez vos ongles vous allez saloper des fauteuils tout neufs ! Vite Kanon trouve une solution, aller les séparer? Muarf apparement Ban n'y était pas parvenu, il risquait davantage de se faire entrainer qu'autre chose. Le regard marin scrutait les alentours avec une rageuse determination quand enfin une idée germa, qu'il courru jusqu'à la table de mixage, enclencha le micro pour y faire jaillir avec le volume sonore maximum un son qui pourrait releguer le crissement d'ongles sur un tableau à une douce berceuse en comparaison. Il levait enfin le buste et un regard empli de reproches à toutes les personnes présentes, ouh ça va saigner pour vous mes p'tits gars mais tout d'abord il allait faire un annonce et c'était bien pratique d'avoir un micro dans la main.


"Geist, Aphrodite rangez moi le bazar dans cette salle ! Pose, Ydon nettoyez le bar si une goutte ou un débris de verre subsiste dans quatre minutes vous allez voir ce que c'est que l'enfer. Ban retourne dehors et si tu laisse entrer une seule putain de personne c'est toi qui prend la porte. Toi...."



Le toi désignant bien entendu sa chère ex-femme à qui il s'adressait en plissant les yeux et reposant le micro. D'ailleurs il quittait la table de mixage pour passer à coté d'elle, camouflant un rapide scan visuel du physique de sa ancienne compagne avant de déclarer en l'attrapant par le poignet et en l'entrainant dans son bureau. Non t'as pas le choix ma belle.


"Tu viens avec moi."


D'experience il savait qu'il valait mieux la maintenir éloignée de toute forme de vie. Quand à Thetys...bah elle était parti rejoindre Saga non?