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Aphrodite, serveur allergique aux poubelles

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Aphrodite, serveur allergique aux poubelles Empty Aphrodite, serveur allergique aux poubelles

Message  Aphrodite Mar 29 Sep - 0:36

Nom et Prénom : Alrisha, Aphrodite
Age : 22
Activité : Serveur

Présentation :


En tournant les pages jaunies d'un vieil album photo-souvenir du collège de Rodorio, trouverez vous la trace d'un frêle enfant au teint diaphane et aux longues boucles dorées ? Possible... Qui sait. Et cet enfant au regard clair paré d'un pâle sourire... Eh bien, ce n'était clairement PAS Aphrodite. Soit dit en passant, ce n'est pas plus mal, car quand on est scolarisé ET affligé d'un prénom pareil, si en plus on a des allures de fillette, on est bon pour se taper l'enfer sur Terre jusqu'à s'ouvrir les veines en les sciant avec une règle graduée (imaginez le temps que ça doit prendre).

Donc non, Aphrodite n'avait ni pâle sourire, ni peau diaphane, et les boucles blondes ne mesuraient que quelques centimètres. Mais Aphrodite avait vraiment un prénom à coucher dehors, et il ne l'avait pas volé : ça lui apprendrait à naître dans une famille pareille.
A proprement parler, la famille en question se résuma à son papa durant pas mal d'années. Voilà un homme bien à plaindre, fauché à l'âge mûr par le pire des fléaux... Nan, pas une voiture, ni un cancer généralisé. Pire : le coup de foudre pour une starlette à peine majeure plus ou moins écervelée, qui accepta avec une certaine condescendance cet amour désespéré... et qui ne manqua pas de le regretter lorsqu'elle se sut en cloque. Notre bonhomme ne se sentant plus de joie projeta mariage, pavillon en banlieue et multiples petits frères et soeurs... Mais la minette préféra aller chercher gloire et fortune dans une grande ville américaine bien connue à nom de chewing gum. C'est que, voyez vous, elle était certaine d'être appelée à une grande carrière d'actrice, ou de chanteuse, elle n'avait pas encore bien décidé. Bref, un beau matin, elle colla son lardon de quelques mois dans les bras de son cher et tendre, fit sa valise, et partit prendre son avion.

Le cher et tendre abandonné, au lieu de courir à la mairie pour changer le prénom épouvantable de son pauvre fils préalablement choisi par la demoiselle assez peu interessée par la poupée vivante, en prit son parti. Il s'abonna à toutes les revues people pour suivre le périple de son adorée, et entreprit d'élever son gamin. Les années passèrent, et les revues people ne faisaient toujours pas état de la demoiselle, dont on avait plus aucune nouvelle. Étonné, car persuadé que sa douce avait en elle le génie artistique, le pauvre homme cumulait les abonnements à toutes les chaînes de télévision du monde, et scrutait désespérément sa boîte aux lettres. En attendant, il s'appliquait à élever son bambin, en lui servant chaque soir, au lieu du Petit Chaperon Rouge ou de Boucle d'Or, la Fabuleuse Histoire de Maman qui Va Devenir une Star.

Et cinq ans après le départ de ladite star, le choc survint, manquant de peu de provoquer une crise cardiaque au bonhomme, qui n'était plus tout jeune. Le choc vint de la page 12 de "Salut les Fans" (en vente en librairie, rayon Ados), où s'étalait un visage qu'il eut reconnu entre tous. Il s'empressa de lire l'article pour voir dans quelle superproduction hollywoodienne était apparue sa bien-aimée !!... et se demanda quel producteur avait bien pu nommer un film "Le loft de la tentation, sur canal 52 tous les samedis".
S'ensuivit alors une longue collection, écumant tout d'abord les "Salut les Fans" et le prgramme télé, puis ensuite les "Forte Poitrine hebdo" et les "Gros Coquin". Aux murs s'ajoutaient aux vieilles photos les récentes découpes des articles. Il est à noter que notre homme prenait soin, avant de les mettre sous cadre, de censurer à grand coup de feutre noir les parties intimes de la dame, qu'on voyait quand même souvent. Et le bonhomme était tout ému, en se disant que sa merveille était décidément une artiste accomplie.

Et Aphrodite ? Eh bien, il était régulièrement convoqué chez le psychologue de l'école primaire, harcelé par l'institutrice qui ne comprenait pas que ce gamin passe toutes les récréations à contempler le mois de Mars du calendrier de "Chaudasse magazine".

A vrai dire, en plus de passer à tort pour un gosse dérangé, Aphrodite était assez solitaire et plutôt timide. Qui plus est, vivant depuis tout petit au coeur d'un culte voué à sa super maman-star (kof kof), il développait lentement un vrai complexe d'infériorité. Ha, il aimait beaucoup son papa, oui, mais l'entendre ressasser à longueur de temps que sa mère était la huitième merveille du monde, forcément, ça ne l'aidait pas.

Alors en ce temps-là, Aphrodite, c'était le môme incolore et insipide, qui ne fait pas de bruit, qui ne se distingue ni en bien, ni en mal. La seule chose qui permettait à ses enseignants de se rappeler que ce gamin-là était bien dans leur classe, c'était son impossible prénom. On ne pouvait même pas dire que ce fut un bel enfant, il était juste banal à en pleurer. Mais n'allez pas croire que l'intéressé s'en trouvait mal. Il était bien,lui, dans son monde, avec la photo de sa mere au buste censuré encadrée et accrochée au dessus de son lit.

Arriva un jour où il n'y eut plus de photos. Même dans "Archives du X" (en vente en librairie aussi mais pas au rayon Ados), on ne faisait plus état d'elle. Ben ouais, la mode passe vite, un jour c'est une nana, le lendemain c'en est une autre. Paniqué, le pauvre homme remua ciel et terre... Et parvint à la joindre par téléphone. La demoiselle eut besoin de quelques minutes pour situer la voix chevrotante en pleurs et le nom que bredouillait ce dernier. Ha ouais, le gars de San Rodorio. Elle laissa son adresse.
Le brave homme n'en fit pas usage. Pour lui, savoir que sa Belle était vivante et en bonne santé lui suffisait. Il finit par jeter le bout de papier... qui fut récupéré dans la poubelle par une main timide.

Une lettre, postée en secret... et puis une autre, et encore une autre. Aphrodite écrivait, tout en atteignant l'âge où son prénom devenait une véritable farce. A quatorze ans, de trop maigre qu'il avait été dans son enfance, il devenait trop gros, ses cheveux pendouillants étaient d'un jaune terne et ne suffisaient pas à dissimuler l'installation d'une acné juvénile tenace. Il s'en fichait, de toute façon, il était bien établi dans son esprit que la Beauté de la famille, c'était sa mère, point barre. Et le jour de ses quinze ans, ses trois lettres hebdomadaires reçurent une réponse sous forme d'un billet d'avion. Il manqua s'évanouir, ce qui n'aurait pas été trop grave puisqu'à cette période, il avait accumulé assez de graisse pour pouvoir tomber sans se blesser.

Le lendemain, il était à l'aéroport, ayant forcé son père à le conduire... démontrant pour la première fois de sa vie une réelle volonté. Le pauvre homme ne se sentait pas la force d'empêcher son fils de partir auprès de celle qui avait illuminé leurs vies et tout et tout... Alors Aphrodite quitta San Rodorio.


Son père resta seul, vieillissant. Pendant cinq ans, il attendit. Il recut deux lettres d'Aphrodite la première année, une lettre durant la seconde année, puis rien durant la troisième et la quatrième... et la cinquième année, une courte lettre annonçait le retour de son cher garçon. Enfin, plus précisément, la lettre contenait les deux mots "Je rentre", la date et l'heure d'arrivée de l'avion et le terminal.

Il cavala le jour dit jusqu'à l'aéroport de la ville, le coeur battant de revoir son fils et d'avoir des nouvelles fraîches de son Adorée... Il arriva avec trois heures d'avance, et patienta. L'avion arriva, et le vieil homme tâcha de se calmer au risque d'affoler son pace-maker récemment posé. Il vit passer des dizaines de personnes sans aperçevoir la silhouette de son rejeton... Inquiet, il était sur le point de courir harceler le personnel de l'aéroport lorsqu'une personne se dressa devant lui et laissa tomber un sac au sol, lequel manqua de faire chuter le pauvre homme. Prêt à contourner l'obstacle, il allait s'élancer lorsque l'obstacle en question lâcha un "Salut, papa. J'espère que t'as pris la voiture, j'ai quatre valises." tout en relevant d'un geste souple les immenses lunettes noires qui lui mangeaient le visage, un visage fin et lisse couronnant une silhouette haute, longue et fine, gainée dans des vêtements ajustés, et balayée par une opulente cascade de cheveux dorés. Le pauvre homme ne reconnut son môme qu'à grand'peine, à peine aidé par les yeux de ce dernier qui, s'ils n'avaient pas changé de couleur, avaient en revanche carrément changé de regard. Deux grands yeux d'un bleu pâle qui s'étaient fixés dans les siens. Qui a San Rodorio pouvait se souvenir d'Aphrodite soutenant un regard ? Bon, en même temps, qui à San Rodorio pouvait se souvenir d'Aphrodite, tout court...



Cinq années s'étaient écoulées. S'en était allé, un jour, un petit gros boutonneux timoré et quasi muet. S'en était revenu un homme fait, certes légèrement féminin, assuré, qui parlait fort, qui riait en secouant ses longs cheveux, et soigné au possible.
Il retrouva sans grand plaisir le complexe scolaire de San Rodorio, pour y achever les études qu'il avait commencé ailleurs... Mais, curieusement, alors qu'il n'était pas plus mauvais qu'un autre, il s'en retira au cours de la dernière année, sans avoir passé son diplôme, sans expliquer à quiconque le pourquoi du comment. A son père qui s'étonnait de l'abandon de ce cursus qui aurait pu lui ouvrir les portes d'un métier plus qu'honorable, il répondit avec un sourire à la Mona Lisa qu'il en avait appris assez, et que ça ne l'intéressait pas...
.....de devenir botaniste.

Encore un sourire, et il repoussa ses cheveux en arrière, partant en quête du téléphone, laissant sur la table le journal et le stylo, après avoir entouré d'un geste vif deux annonces.
L'une dans la catégorie Immobilier.
L'autre dans la page des offres d'emploi.
Aphrodite
Aphrodite
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Date d'inscription : 19/09/2009

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